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La première fois où … J’ai contribué à une décision stratégique



J’avais 14 ans. L’été, je travaillais avec mes parents, dans l’exploitation agricole familiale. Mon quotidien ? Arracher puis planter des choux-fleurs, ramasser des pommes de terre et … ramasser des cailloux dans les champs …


Mon père utilisait une planteuse à choux « 2 rangs », qui, comme son nom l’indique, permettait de planter deux rangs de choux à la fois. Et cette machine avait un âge certain, au vu de sa couleur « rouille » …


Je ne sais plus exactement comment la discussion a été lancée, mais je me revois au déjeuner, ce jour-là, avec mes parents, mais aussi (et surtout) mon grand-père et mon oncle, également associés sur l’exploitation agricole. « On devrait acheter une planteuse « 3 rangs » ; cela permettrait d’optimiser la main d’œuvre disponible et de gagner du temps sur les chantiers de choux », voilà ce que j’ai dit à mon père, ce jour-là … Enfin, avec mes mots !


La discussion s’est animée, chacun proposant ses arguments, ses contre-arguments … « Pourquoi changer, cela fonctionne comme cela depuis toujours ? » … « Et s’il manque une personne, on fait comment ? » Autant de freins au changement énoncés par mon grand-père et mon oncle.


A un moment, j’ai vu le regard malicieux de mon père et son sourire … Je crois que cet échange lui plaisait, car il permettait de « sortir du cadre établi », et le fait que moi, sa fille, lance cette croisade « modernité à tout prix » lui donnait envie de dire GO ! Et c’est ce qu’il a fait ! « Trouve la planteuse en question, on verra le prix et on verra ». C’était gagné ! Trois jours plus tard, nous plantions les choux avec la « 3 rangs » …



A quoi reconnait-on une décision stratégique ?


Une décision est dite stratégique lorsqu’elle comporte trois caractéristiques :


1 I Elle engage l’organisation sur le long terme

2 I Elle nécessite d’importantes ressources financières et humaines

3 I Elle est difficilement réversible.


Une décision stratégique n’est jamais neutre pour l’entreprise ; elle a une incidence sur la production. Et pourtant, le dirigeant ne dispose pas toujours de toutes les informations nécessaires à sa prise de décision, au moment clé. C’est la prise de risque qui accompagne le processus.


Qu’elle soit planifiée ou improvisée, une décision stratégique nécessite une réelle capacité d’adaptation de l’organisation au changement.


L’achat de la fameuse « 3 rangs » a révolutionné la planification des chantiers. Pourquoi ? Parce qu’au-delà de la plantation qui permettait un gain de productivité de 50% et d’économies de gasoil, il fallait redimensionner l’arrachage (pas question de manquer de plants !).



Un petit investissement … et un grand pas pour l’entreprise !


Avec le recul, je pourrais me dire que ce changement n’était en fait qu’une façon de bousculer un peu l’establishment familial … Mais non ! Mon père a perçu dans cette initiative un signe comme quoi j’étais concernée par l’activité familiale. C’est sans doute pour cela qu’il a donné son accord au projet, plus que pour le gain de productivité obtenu … Quoique … Le temps gagné sur la plantation des choux a permis d’augmenter le nombre de journées à ramasser des cailloux … Si, si !


Diriger c’est décider !


Et décider c’est savoir imaginer le quotidien autrement, pour gagner en performance tant économique qu’humaine !


J’aime me remémorer ce souvenir … Et j’aime ces dirigeants au tempérament qui osent sortir du cadre. Et vous ? C’était quoi votre première décision stratégique ?

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